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lundi 30 avril 2012

Marathon de Paris 2012 : 3. Vu sur le plan humain


Voici maintenant notre Marathon de Paris vu sur le plan humain (la partie que j'apprécie le plus).

Lorsque nous effectuons ainsi nos courses en duo, les personnes que nous croisons arborent leur plus beau sourire. Les encouragements et les félicitations fusent à notre encontre. 
  
Déjà, l'année dernière, lors de nos 10km, nous avons déjà pu le constater. 

Le fait de voir un enfant sur une course fait ressortir le plus beau fond qui se trouve en chacun de nous.
Même s'il est vrai que le coté "fauteuil roulant" peut faire croire à une maladie ou à un accident, ce n'est jamais de la pitié que l'on peut voir dans les yeux de "nos supporters".
Car si nous utilisons un fauteuil roulant, c'est simplement parce qu'il n'existe pas de poussette pour un enfant de 11 ans ! Et non pour jouer sur la "corde sensible" en faisant croire que je pousse mon fils handicapé.

Avec Alexis (mon fiston), nous partageons ainsi ces moments de course, cette ambiance festive. Ces instants où nous pouvons nous faire plaisir en faisant les fous.
Car ces instants sont nos instants privilégiés, des moments qu'il apprécie vraiment.

Durant les courses, sa présence égaye les coureurs, et cela incite aux échanges. Certains m'encouragent, d'autres encouragent Alexis, et d'autres encore entame une petite discussion non pas avec moi mais avec Alexis. J'aime cet esprit.

Et, l'année dernière, nous avons ainsi passé de nombreux bons moments :
  • comme sur le 10km d'Handicap International (notre 1° course-duo), où 2km avant l'arrivée, nous avons emmené avec nous une femme, afin de la relancer et qu'elle se fasse ainsi plaisir en ralliant l'arrivée.
  • comme sur le 10km de Paris 10°, où le parcours passait par un pont dont nous devions gravir par 2 fois les escaliers. De plus, ce fut à cette occasion, qu'Alexis reçut sa coupe ! Un beau souvenir.
A bien y réfléchir, nous avons apprécié chacune des courses que nous avons faites. Normal, c'était le but ! Je ne résiste pas au plaisir de vous livrer le lien pour le 10km de l'Equipe (1° édition).

Et, pour notre 1° course-duo de 2012, cela allait être le Marathon de Paris ! Je ne reviendrais pas sur les nombreux doutes qui m'ont bien accaparé l'esprit.

Mais voilà, je voulais offrir à Alexis, un cadeau, un cadeau tout particulier ! Non, pas la toute dernière console de jeux, ni des bandes dessinées, ni de cartes à échanger, ni de toupies, non rien de tout cela.
Celles et ceux qui me connaissent savent que j'apprécie les cadeaux clins d'oeil (l'essentiel n'est pas le prix, mais leur coté fun) et étant coureur, quoi de plus normal que d'offrir une course à son fiston ?
Et quitte à ce que cela soit une course, autant que cela soit une belle course, et quoi de plus beau qu'un Marathon ?

Et nous voilà donc le jour J, sur les Champs Elysées, à attendre le départ du Marathon de Paris. C'est un grande première pour moi, car c'est la 1° fois que je partage ces moments avec quelqu'un qui m'est cher.
Je lui explique le déroulement, je lui fait ressentir cette sensation qui monte au fond de soi lorsque l'on sent que le départ est proche.
Et il réalise cette euphorie du départ, lorsque nous descendons la célèbre avenue.

Pour l'occasion, j'ai accroché une banderole sur laquelle est simplement écrit : ALEXIS. Car je voulais qu'il reçoive des encouragements, car cette course est SA course, c'est SON marathon !

Et alors que nous descendons les Champs Elysées, de nombreuses personnes féliciterons ALEXIS ! Au début, cela le gênera qu'on l'appelle ainsi (faut pas croire mais nous sommes réservés !!) mais remerciant les personnes à son tour, il trouvera cela ensuite plutôt amusant.

De nombreuses personnes nous ont encouragés, de nombreux sourires nous ont accompagnés. Lorsque notre position sur la route nous le permettait, Alexis a fait des "check" (taper dans les mains) des spectateurs. Une superbe ambiance !
Lorsque nous arrivions près des nombreux groupes de musiciens, Alexis klaxonnait de bon coeur.

A un moment, pour m'encourager, Alexis me dit :
  
"Papa, si tu termines la course, tu auras 5 bisous !"
  
Il sait comment me motiver !!

Et, très souvent, alors qu'il entonnait des petites chansons, les coureurs se retournaient afin de chercher la provenance de cette voix car ils étaient étonnés d'entendre un enfant chanter sur la course.
Peut-être est-ce dû à la période électorale, ou aux manifestations évoquées durant le journal télévisé, car Alexis, a chanté à plusieurs reprises, sur le ton d'un slogan de manifestation :
  
"Qui c'est les plus forts, c'est les runners !!"


Nous avons apprécié ces instants passés ensemble, il a enfin vécu un marathon de l'intérieur, il a ressenti cette ambiance si particulière, et comme les coureurs, il est passé par nombre de sentiments :
l'euphorie du départ, la fierté d'être encouragé, la lassitude, la fatigue, l'attente de l'arrivée et la hâte quand il reste moins de 10km à parcourir, la joie à 2 km de l'arrivée, l'euphorie de l'arrivée et la satisfaction de l'avoir fait.

La bénévole que nous avions revu lors du Running Expo et que nous avions déjà rencontré sur les 10km de Paris 10 et sur les 10km de L'Equipe, fut celle qui nous donna notre médaille. Un heureux hasard !!
Et, grâce à elle, Alexis a maintenant SA médaille de Finisher !

Et, une fois nos médailles passées autour du coup, j'eus droit à ma récompense : Mes 5 bisous !!

Certes la course fut longue pour lui, mais il a apprécié cette ballade parisienne, et je sais que lors de nos  prochaines promenades dans la capitale, il sera tout fier de revoir les rues par lesquelles nous sommes passés.


Nous avons désormais de belles images en souvenir de ces instants passés ensemble.
  
Et je sais que certaines d'entre elles resteront gravées dans nos mémoires.
  
Et, plus tard, lorsqu'une fois adulte, il se souviendra de ces moments, je sais que cela l'aidera à positiver, à prendre la vie du bon coté.
  
Car ce sont nos souvenirs, qui nous forgent et nous aident à "affronter" la vie. Aussi, j'essaye de faire en sorte qu'il conserve de nombreuses images positives, gaies et enjouées.
 
Car j'aime ces sourires, j'aime ces yeux qui pétillent, j'aime ces discussions évoquant certains instants partagés, j'aime ces petits contacts,sans rien dire, mais qui signifient tant.
 
Alors, positivons, voyons la vie du bon coté, faisons nous plaisir, et offrons de beaux souvenirs aux enfants. 
 
Et comme l'a dit un célèbre ours, il en faut peu pour être heureux, vraiment très peu pour être heureux...

jeudi 26 avril 2012

Marathon de Paris 2012 : 2. Vu sur le plan sportif

Pour une fois, plutôt que de découper le récit en plusieurs articles "courts", je vous livrerai un long article. 

Car même si la course a été ponctuée de nombreuses pauses, je préfère vous livrer l'ensemble des impressions sur cette course si particulière pour nous afin de mieux vous faire ressentir les sensations de course.


Sur le plan sportif, inutile d'être un surhomme ou d'effectuer le marathon en moins de 3h25 (Go Luc, go !!) afin de mener à bien ce défi. Cela tombe bien, ce n'est nullement mon cas.
Il faut juste de la volonté, une bonne dose de motivation, et bien sûr un peu de foncier. Le but étant d'effectuer le marathon en courant, il faut tout de même "connaitre" cette distance.

Idéalement, une approche progressive était envisagée. L'année dernière, nous avons effectué plusieurs courses de 10km durant lesquels nous avons pris beaucoup de plaisir et où j'ai pu m'habituer à courir ainsi en conditions de course.
J'avais ensuite prévu d'effectuer les 20km de Paris, mais comme il pleuvait, je n'ai pas voulu ni courir en duo avec Alexis, ni même effectuer la course en solo, car je n'aurais alors ressenti aucun plaisir car ma motivation première était de partager ce moment avec lui.
Donc, au final, la progressivité escompté n'aura pas eu lieu.
Et ces 10km effectués, nous servirons de tremplin afin d'effectuer notre Marathon en duo. Tout un programme !!
Habitant Paris, il était donc tout à fait évident que le Marathon de Paris serait celui qui nous verrait défiler.
La décision fut rapidement prise, le Marathon de Paris 2012 sera celui d'Alexis, cela sera SON marathon.

A moi de tout faire afin que mon projet aboutisse.
Adorant faire des surprises, je ne lui en ai parlé que la semaine précédent la course.
Plusieurs raisons à cela, le 24 mars j'avais prévu d'effectuer l'Ecotrail 80km et le 15 avril le Marathon, soit 3 semaines après. De nombreuses incertitudes, de nombreux doutes envahissaient mon esprit.
Allais-je terminer ce 80km ? 
Mes muscles pourraient-ils récupérer durant ces 3 semaines ? 
Et surtout, me serait-il possible de pousser Alexis sur cette distance ?
Pour être franc, je me suis mis la pression. Sur l'Ecotrail, j'allais effectuer ma plus longue distance sur une course. Il me fallait donc terminer cette course et surtout sans blessures afin d'être en mesure d'enchainer, 3 semaines plus tard, le marathon.
L'Ecotrail s'est bien déroulé, et surtout sans blessure. La phase de récup a pleinement été appréciée, même s'il y a eu des petites sorties effectuées, histoire que les jambes ne "s'endorment" pas trop.

Mais, malheureusement, la météo s'est dégradée dans la semaine précédent le Marathon !!
Alors que sur le plan physique, mon corps semblait me signifier qu'il était pret à mener à bien sa nouvelle mission. Tout allait-il être réduit à néant à cause de la météo ? Un nuage de mauvaise augure semble planer au dessus de nos têtes ! De bulletins météo en bulletins météo, les doutes se dispersent légèrement même si nous ne sommes pas à l'abri de petites ondées.
Et, ne voulant pas commettre la même erreur que lors de ce qui devait être notre 1° course-duo où je lui avais annoncé plusieurs semaines à l'avance que nous allions effectuer une course ensemble. Et, le mardi précédent la course, je m'étais malheureusement blessé et de ce fait nous n'avions pas pu effectuer notre course (je ne ferais plus de fractionné durant la semaine précédant une course !) je n'évoquai donc pas la course avec Alexis.

Durant les 3 semaines post Ecotrail, je n'ai effectué aucun entraînement avec Alexis, ne voulant pas entamer mon "Capital Energie" qui était en train de se refaire une petite santé.

(oui, je sais, j'évoque les 3 semaines d'intercourse, puis je parle de la semaine précédent le marathon pour ensuite revenir aux 3 semaines, c'est juste pour vous montrer que durant cette période mes pensées allaient et venaient. Je peux également remonter plus loin dans le temps. Savez-vous qu'à l'époque du paléolithique....)

Et la semaine précédant la course, je parle de mon projet à Alexis, et bien sûr, il est ravi !

Le jour J, alors que nous étions en chemin vers les Champs Elysées, je me posais tout de même de nombreuses questions quand à ma forme physique et à ma capacité à mener à bien ce projet. Mais l'abeille sait rester positive, et comme ma principale motivation se trouve assis juste devant avec moi, je garde mes doutes pour moi.
Je lui explique tout de même que la course sera longue, et sera dure. Je lui répète à nouveau l'estimation de durée qui est de 5 à 6h.

Nous sommes maintenant sur les Champs Elysées (voir 1° photo), au milieu des coureurs, je lui explique le déroulement de la course, la durée probable, et je lui rappelle sa tâche, klaxonner lorsqu'un coureur est trop proche de nous afin de l'avertir de notre présence et surtout afin de ne pas le heurter.


Après une petite phase d'attente, le départ est lancé.

Ma première appréhension concerne la descente des Champs Elysees, car la rue est pavée, donc secousses pour Alexis, de plus, nous devons "surfer" par dessus les détritus jonchant le sol.
Et la descente s'effectue mieux que prévu, et gagnés par l'euphorie du départ et par l'inertie du fauteuil, le 1°km sera effectué rapidement.

Arrivés sur la rue de rivoli, nous sommes lancés, j'essaye de conserver un rythme régulier. Le fauteuil semble glisser sur le macadam, c'est bien agréable !
Régulièrement je me détends un bras, afin de ne pas rester trop contracté durant la course.
L'avantage de connaitre le parcours, est que j'anticipe le placement sur la chaussée, nous nous positionnons sur la partie la plus lisse de la rue, et j'indique également à Alexis les virages afin qu'il participe également à la conduite.

L'allure de course se doit d'être régulière, afin que la force de poussée sur le fauteuil ne varie pas trop et que la dépense d'énergie ne soit pas trop importante. Je sais malgré tout que notre allure est un peu trop élevé, nous sommes toujours à la même distance du meneur d'allure en 4h30. Je sais que je ne pourrais pas tenir cette allure durant toute la course mais la 1° partie du parcours est plus "roulante", aussi, je profite de cette partie en essayant tout de même de ne pas me mettre dans le rouge.
Désormais habitué à courir avec le fauteuil, le fait de courir les bras fixes, me dérange beaucoup moins qu'auparavant et à aucun moment, je n'éprouverai de gêne à courir ainsi.

Lors des passages sur les rues pavées, j'essaye de conserver la même vitesse afin d'éviter tout ralentissement, ce qui occasionerai une dépense d'énergie supplémentaire afin de relancer le fauteuil.
Les portions de rue en faux-plat et les montées sont effectuées en mode "marche active" afin de s'économiser sur ces portions et de ne pas perdre trop de temps.

A chaque panneau annonçant la distance parcourue, j'effectue le compte à haute voix pour Alexis. Les kilomètres s'enchainent relativement rapidement.

Les 10°km sont parcourus en 1h06. Nous sommes bien, pas de fatigue en ce qui me concerne et Alexis est toujours aux anges. Il a la pêche. Tout va pour le mieux.

Nous abordons désormais une zone inconnue car nous n'avons jamais dépassé 10km de distance. Je me mets un peu de pression en me disant qu'il va falloir bien gérer la course, car ce n'est pas n'importe quelle course, c'est LE marathon d'Alexis !

Dans le bois de Vincennes, je redouble d'attention quand à "l'étude du revêtement" afin d'éviter les trous éventuels et autres petites sources de désagréments. Et je fais particulièrement attention à ne pas nous positionner trop près des coureurs, et Alexis joue du klaxon afin de les avertir.

Et nous arrivons au semi en 2h25. Je dis alors avec un enthousiasme (un peu teinté de fatigue) que nous sommes désormais à mi-course ! Je sens qu'il commence également à fatiguer. Et, je lui propose de se dégourdir un peu les jambes, et j'en profite pour faire une petite pause. 
  
Son petit sac à dos est accroché à l'arrière du fauteuil. A l'intérieur, plusieurs petites bouteilles d'eau à utiliser en cas d'impossiblité d'accéder au ravitaillement en toute sécurité (pour avoir vécu des bousculades durant les ravitos, je préfère m'encombrer de ces quelques bouteilles plutot que de risquer qu'Alexis soit heurté par un coureur trop "pressé", pour rappel, à ces coureurs du dimanche, lorsque vous valez 4 ou 5h sur un marathon, ce ne sont pas les quelques secondes passées à être courtois qui vont pénaliser votre performance !!)
Je bois tranquillement, je prends un gel, un petit moment de détente vite passé car il nous faut repartir.

Je sais maintenant que la partie "facile" est désormais derrière nous et que la phase "Gestion de course" va devenir essentiellement. La fatigue se fait sentir, car j'ai du mal à relancer le fauteuil mais nous repartons tout de même.

L'avenue Daumesnil est parcourue tranquillement, avant d'aborder une nouvelle fois, la place de la Bastille.
De nombreux encouragements nous accueillent mais les pavés et la fatigue qui s'installe limitent les remerciements à l'égard de la foule.

L'allure a baissé, je sens que les kilomètres défilent désormais bien moins vite. Je ne m'impose aucun rythme, car je dois faire avec le parcours et son revêtement. Alors, le mode "Gestion de course" est désormais activé, et coute que coute, je me dis que nous terminerons !
Alexis n'est plus trop à la fête, je ne l'entends plus. Réveillé depuis 7h, il fatigue et à plusieurs reprises, je serais obligé de le réveiller.
Le point positif est que s'il arrive à dormir, cela signifie que je "conduis" bien et ce, sans à coup, par contre le point négatif c'est que niveau sécurité, c'est que j'ai peur qu'il glisse car même s'il est bien calé entre les accoudoirs, nous ne sommes pas à l'abri d'un ralentissement, d'un écart brusque, qui pourrait le faire sursauter voire tomber. Aussi, je prends bien garde à bien me placer loin des coureurs (dans la mesure du possible).


Par précaution, je préfère ne pas le laisser dormir trop longtemps, par crainte qu'il ne bouge durant son sommeil. Et je le réveille à plusieurs reprises.
Lorsque survient le passage au niveau des photographes, je le prévient à l'avance, je me décale afin que mon dossard soit bien visible et comme souvent Alexis est très démonstratif concernant son enthousiasme.

Mais hélas, cela ne durera pas.

Le 25°km est atteint en 2h55. 
Et Alexis, réagit peu, l'enthousiasme débordant du début à laisser la place à une grande lassitude. Et mauvaise nouvelle, le froid a décidé de s'inviter à la fête !

Malgré les plusieurs couches de vêtements, le buff autour du cou, et les gants, il commence à avoir froid. Je lui propose de marcher un peu pour se réchauffer mais il n'en a pas envie. Je n'insiste pas, je le connais, il est fatigué. Je l'encourage en positivant car nous avons dépassé la moitié de la course (A y réfléchir après coup, je ne sais pas si c'est une bonne ou une mauvaise nouvelle !!).
Et nous repartons, par moment, j'encourage le fiston afin de le faire à nouveau participer.

Nous passons en bas du Trocadéro, où nous ferons un petit arrêt. Afin de nous alléger, j'en profiterais pour me débarasser des petites bouteilles se trouvant dans le sac à dos. Et 2 sympathiques touristes accepteront de nous prendre en photo.

Le 30°km nous voit arriver au bout de 3h35.
Et nous faisons une pause, nous arrêtons en face de la table du ravitaillement. Niveau enthousiasme, nous avons connus mieux !! Alexis est maintenant transis de froid et fatigué. Il ne lève plus les yeux pour me regarder, la fatigue et surtout le froid sont bien présents.
Je lui propose de marcher un peu mais il n'en a aucune envie. Plan B, je lui confie une mission : Nous chercher des quartiers d'orange et ce en courant afin de ne pas être heurté par les coureurs en traversant. Le petit aller-retour le réveillera quelque peu. Après quelques minutes, nous repartirons.


Vient ensuite le 35°km ! La partie dans le bois de boulogne est usante. Alors que la fatigue est désormais omniprésente, je dois redoubler d'attention afin de ne pas heurter les coureurs, scruter le sol afin de rouler au bon endroit et, petit constat, comme si cela ne suffisait pas, je constate que la route est légèrement bombée afin de faciliter l'écoulement de la pluie sur les bords de la route. Le fait de rester sur le coté m'oblige à compenser la légère pente, et, du coup, la seule trajectoire envisageable se situe au milieu de la route mais malheureusement nous ne sommes pas les seuls à courir sur cette portion de la route, du coup, je dois composer avec eux.
Alexis klaxonne et certains s'écartent, d'autres par contre ne nous entendent pas et nous contraignent à ralentir (je peste mentalement contre ceux qui courent avec des écouteurs).,

Je positive en disant à Alexis, qu'il nous reste moins de 10km !! Youhou !! En avant !

Désormais pleinement concentré, comme lorsque l'énergie vient à manquer, je m'isole dans ma bulle. Je ne prête aucune attention au monde qui nous entoure. J'entends des encouragements, j'aimerais répondre par un sourire, par un regard, juste tourner la tête, juste pas possible. J'ai l'impression que si je détourne le regard de la course, je serais obligé de ralentir, voire de m'arrêter (vraiment bizarre comme impression) !
Je tache désormais de conserver le même rythme de croisière. Sur mon tableau de bord virtuel, de nombreux voyants rouges clignotent, niveau énergie, j'ai connu beaucoup mieux ! Je les ignore, je branche mon "pilote automatique" et débranche, par la même occasion, mon neurone de la Raison (du coup, il part se coucher !).

Mes jambes moulinent, même si la vitesse n'est plus au rendez-vous, je m'oblige à avancer. Je vois au loin, le meneur d'allure des 5h. Je me motive afin de ne pas le lacher puis au bout de quelques minutes, je décide de remonter à sa hauteur, car j'ai besoin de me caler sur une allure stable. Je ne suis vraiment pas en état de déterminer une allure raisonnable (Rappelez-vous mon neurone de la Raison est parti se coucher).
Et, petit sourire intérieur, je remonte petit à petit à sa hauteur, les minutes passent et il se rapproche. Prendre son temps afin de revenir à sa hauteur.
Petit à petit, la distance s'amenuise. Chemin faisant, nous doublons plusieurs coureurs et, sur le moment je repense à Shuseth et à Kejaj lors du Paris Versailles, lorsqu'il racontait qu'il s'était fait doubler par un coureur déguisé en pinguoin. Et, là, j'imagine la tête et peut être le désarroi de certains coureurs. 
Car à ce moment de la course, (nous sommes tout de même après le 35°km), je sais que nombre d'entre nous ne sont alors pas au mieux et, je sais que se faire ainsi doubler par quelqu'un poussant un fauteuil a certainement dû leur faire un coup au moral. Désolé mes collègues coureurs.

Nous sommes enfin à la hauteur du meneur d'allure en 5h. Satisfait et content, je suis ! Mais surtout très fatigué, je ne sais pas si j'ai bien fait de le rejoindre mais qu'importe le mental prend le pas.
A notre arrivée, il nous encourage. Cela fait vraiment plaisir. j'en ronronnerai de satisfaction (Oui, les abeilles ça ronronne !! Et les fourmis cro-ondent !! Tout le monde sait cela !).

Il fait vraiment un superbe travail, il enjoint tous les coureurs que nous doublons à le suivre ! Certains suivent, d'autres font comprendre qu'ils ne peuvent répondre par l'affirmative à cette gentille invitation car ils ont prévu autre chose.

De même, il nous fait un peu la circulation en demandant aux coureurs que nous doublons de laisser passer le fauteuil. Délicate attention car non seulement zigzager entre les coureurs me coute de l'énergie et je sais que je ne peux compter sur Alexis pour klaxonner car cela fait déjà plusieurs minutes qu'il s'est endormi.
Comme vous pouvez le voir sur la photo, il dort profondément. Et à ma droite le meneur d'allure.

Un grand merci à EspritRunning pour la photo.

Petit Paradoxe, alors que j'ai besoin d'une allure stable, mon corps, mes jambes n'étant pas habitué à ce rythme accélèrent malgré la fatigue afin de retrouver une allure plus habituelle. Un comble !!

Et, petit à petit, nous laissons le meneur d'allure. Et, nous continuons notre route.

Les minutes passent, et les kilomètres beaucoup mais alors beaucoup moins vite. Mais la machine a ses limites et malgré moi, mes jambes se mettent à marcher, je passe alors en marche active, jusqu'au moment où j'entends au loin (enfin à quelques mètres) le meneur d'allure qui revient derrière nous. 

Notre petite avance a fondu comme neige au soleil et je me remet à courir à nouveau, car si je ne le fais pas maintenant, j'ai l'impression que mes jambes auront le plus grand mal à repartir.
Alors qu'Alexis a emmergé de son petit somme, il retrouve tout à coup de l'énergie et de l'entrain lorsqu'une personne dans le public nous encourage et surtout lui donne des petites mains qui applaudissent.
Et, une fois les mains en main (Non pas qu'il se passe les mains, d'une main à l'autre, mais plutôt il tient les mains dans sa main. Vous m'avez suivi ?)
Il retrouve de l'énergie. Cela fait vraiment plaisir.

Le 40°km est passé !! Nous y sommes presque ! Plus que 2 petits kilomètres !! Mais, il me faut tout de même faire une "rapide" pause afin de boire un peu et récupérer un peu avant la phase finale.

Nous sommes maintenant repartis, j'encourage Alexis. Plus que 2 km ! Tu vas l'avoir TON marathon, nous allons le faire, nous allons le terminer.

A ce moment, mon neurone de la Raison ne donne maintenant plus aucun signe d'activité, il est en plein rêve et une petite voix retentit dans mon esprit :
Les passagers à destination de l'avenue Foch sont invités à emprunter la voie réservée à cet effet...

Le 41°km est passé. Nous continuons sur le même rythme. Le rond point de la porte dauphine est maintenant en vue. J'essaye d'accélérer...et pas de réponse. Pas grave, l'abeille sait être patiente.
J'essaye de conserver une vitesse suffisante avant d'aborder les pavés. Nous sommes maintenant sur le rond point, je ne peux accélérer. Pire, je manque de marcher !
Je me refuse de marcher à ce moment, une petite et très lointaine étincelle d'euphorie brille au fond de moi. Afin de ne heurter personne et pour ne pas être obligé à ralentir sur les pavés, nous prenons le virage un peu large.
Et à notre passage, de nombreux encouragements fusent ! Cela fait plaisir, cela me relance.

J'en oublie la fatigue, les pavés n'existent plus. Nous accélérons sensiblement. Nous sommes maintenant sur l'avenue Foch qui je le précise est également pavée. Un rapide coup d'oeil afin de déterminer le meilleur endroit où rouler et j'apercois un petit revêtement en macadam sur le coté droit de l'avenue Foch.

Alexis est aux anges, il sent, il sait l'arrivée proche. Nous accélérons plus encore. Mais la machine ne peut aller plus vite. Cette dernière ligne droite me semble interminable, l'arrivée aurait-elle été décalée ? Je poursuis mon effort.

Une rangée de photographes, je me décale afin que mon dossard soit visible, car ces photos nous les conserverons précieusement. Je maintiens mon effort.
Curieusement ce n'est pas vers le chrono que mes yeux sont rivés mais vers la ligne d'arrivée.
  
L'euphorie continue à monter, plus que quelques mètres, nous y sommes presque, les encouragements nous transportent. Je n'ai plus la sensation de respirer, tout mes sens sont tournés vers cette ligne au sol.
Elle se rapproche, elle nous appelle. Oui nous arrivons ! L'allure n'a pas baissé, l'arrivée nous présente désormais son beau tapis rouge, elle nous invite et c'est avec une très grande satisfaction que nous franchissons la ligne.

J'arrête mon chrono qui affiche 5h05 ! 

Mais l'essentiel est ailleurs, car j'embrasse Alexis, et je lui lance "Tu es un grand marathonien !!".

mercredi 25 avril 2012

Marathon de Paris 2012 : 1. Présentation


Cette année, j'effectuerai le Marathon de Paris. Et afin de lui donner une autre saveur, j'ai décidé de l'effectuer avec Alexis. Une nouvelle course duo pour nous deux !

Mais est-ce bien raisonnable de laisser son fils assis dehors aussi longtemps (durée prévue entre 5 et 6h) ? 
Mais pourquoi ne pas en avoir parlé ? 
Et surtout quelles sont les raisons qui m'ont poussé à le faire ?

Mais que de questions !!
Lors de la prochaine conférence de presse, je ferai comme certains politiques, je demanderai les questions à l'avance afin d'y répondre avec... spontanéité !!

Pousser son fils sur un marathon ?? Mais quelle idée saugrenue !! Quel intéret ?
Et pourquoi ne pas faire de l'accrobranche et évoluer dans les arbres à plusieurs mètres de hauteur ?
Ben ça on l'a fait en Martinique !
Et, pourquoi ne pas l'accrocher et le faire glisser le long d'un cable à plusieurs mètres de hauteur ?
Ben, ça aussi on l'a fait !

Plus sérieusement, l'idée m'est venue, il y a quelques années après avoir vu une vidéo sur la Team Hoyt. Elle me touche énormément, et m'émeut à chaque fois.
Repousser ses limites pour son enfant, montrer que la vie ne s'arrête pas à cause de la maladie, montrer qu'avec de la volonté, les choses deviennent possible. Des valeurs auxquelles j'adhère tout à fait. Et même si je sais être incapable de boucler ainsi un Ironman, je préfère me donner un défi plus "accessible" : Le Marathon.

De plus, devant l'enthousiasme d'Alexis, les rares fois où il a pu me voir courir, j'avais envie de lui faire vivre la course de l'intérieur. Afin qu'il la vive et participe vraiment, un peu comme un spectateur-supporter en mode VIP qui aurait une vue imprenable sur la course.

Dans un premier temps, j'ai attendu qu'il grandisse un peu, car je ne me sentais pas l'exposer trop jeune sur une course car je craignais pour sa sécurité ( Ce n'est pas toujours facile de louvoyer au milieu du peloton. Et si un coureur le heurtait en nous doublant ?). Non, je ne le sentais vraiment pas.
Vint ensuite le choix du carrosse, comme évoqué ici, plusieurs modèles s'offraient à nous mais les finances étant limitées, je me suis tourné vers un modèle adulte d'occasion, certes plus lourd que les modèles enfant, mais plus sécurisant de par son gabarit.


Voilà pour la présentation de notre projet.

Si vous le voulez bien, vous aurez droit à un récit du marathon vu sur le plan sportif et un autre vu sur le plan humain.

Les récits sont en route...

Ecotrail Paris 2012 - Marathon de Paris 2012 : La Transition


Comme vous pouvez vous en rendre compte sur la photo, je n'ai toujours pas enlevé mon bracelet de l'Ecotrail.

Comme pour mieux m'en souvenir et pour rester plus encore dans l'esprit de cette belle aventure humaine que j'ai tant apprécié, je n'ai pu me résoudre à l'ôter. 

Comme pour mieux vous souvenir de cette belle aventure qu'à été l'Ecotrail de Paris 2012, je vous livre ici un lien regroupant l'ensemble des billets.

Comme pour faire une 4° phrase commençant par "comme", mais dans quel intérêt et que raconter ?

Je laisse désormais l'Ecotrail pour me tourner vers le Marathon de Paris 2012. En route vers de nouvelles aventures...

Running Expo : 05 Stand ArtandRun

Plusieurs heures se sont déjà écoulées depuis notre arrivée et comme il est déconseillé de "trop" marcher la veille d'un marathon, nous terminons "rapidement" notre tour du salon et, au détour d'un allée, nous découvrons le stand de Vincent Dogna d'ArtandRun, Le Runner Artiste.


En arrivant ainsi à concilier ses passions, il arrive à mettre en valeur la course à pied où l'élément servant de fil conducteur est la célèbre ligne bleue. En quelque sorte, on pourrait dire que le fil rouge de ses oeuvres est la ligne bleue.

Sur un espace conséquent, il avait exposé certaines de ses oeuvres.
De même, sur son stand, trônait une magnifique broche, représentant le nombre mythique 42,195 placé au dessus de la non moins mythique ligne bleue.

- Bien sûr, nous avons également visité les stands de courses célèbres qui font rêver comme celui de la Diagonale des Fous (sur laquelle Giao s'est inscrit !), la TransMartinique (sur les terres de mes ancêtres), entres autres. Et bien sûr, bon nombre de personnes nous ont proposé des prospectus dont celui pour La Saintélyon (pensée aux amis qui l'ont faite l'année dernière et qui la referont cette année).

De nombreuses rencontres donc durant ce Running Expo.

mardi 24 avril 2012

Running Expo : 04 Des visages connus

- Ensuite, Giao nous rejoint et nous faisons connaissance de la Team Esprit Running et du concepteur de Social Runner.
Vous ne connaissez pas Social Runner ??
Pour être franc, j'en ai entendu parlé depuis peu sur certains blogs de la Runnosphère (celui de Jahom, et de Run Reporter Run).

- Nous passons ensuite devant le stand de Nicolas d'OFFRUN où, après avoir lu quelques billets sur la désormais célèbre gourde "anatomique", nous lui demandons quelques infos et intéressés par le produit, Giao et moi-même nous passerons à l'achat (En attendant mon test, voici ceux de Gregrunner, de Jahom, et de PinkRunner).

- Arrivés sur le stand du Paris-Versailles, nous reconnaissons des organisateurs et amis de RunningNewbie et de Noostromo qui étaient présents à leur mariage. Et c'est à ce moment que Noostromo nous rejoint. Cela fait vraiment plaisir de se retrouver par hasard et d'échanger quelques mots.
Mais, hélas, le temps passe vite et il est désormais temps, pour nous de nous séparer.

- Puis nous entendons un brouhaha (si, si, malgré le bruit régnant sur le salon, nous percevons un bruit plus fort encore). Nous nous faufilons pour assister au défilé des meneurs d'allure (voir photo). Orchestré par notre Chauchau national, le groupe défilera bruyamment et poussera même une petite chansonnette.  Une belle ambiance !!

lundi 23 avril 2012

Running Expo : 03 CW-X / Team Outdoor

Suite de notre visite de Running Expo...
 
Une personne nous distribue un tract de la société CW-X qui propose des vêtements de compression.

Vous ne connaissez pas CW-X ??

Différents membres de la Runnosphère en ont parlé sur leurs blogs respectifs comme Greg, Runonline.

De plus cette marque est distribuée par Team Outdoor qui parle de son nouveau concept ici.

Pour la petite histoire, j'apprendrai une fois rentré, que l'équipe de Team Outdoor se trouvait sur le stand Zamst (que nous n'avons pas visité !) ! Bouhhh !!

Running Expo : 02 Le stand Vibram FiveFingers

Nous avons fait de nombreuses rencontres à Running Expo.
 
- A notre arrivée, peu après avoir déposé le certificat médical, Alexis et moi-même, nous furent accueillis par un sourire connu. 
  
Une bénévole rencontrée plusieurs fois l'année dernière. Quelques minutes de discussion vraiment sympathiques trop vite passées. Un vrai plaisir que de voir ainsi un visage connu, une bénévole passionnée toujours souriante et à l'énergie débordante.

- Visite sur le stand Vibram FiveFingers, et nous discutons avec Noel, Benoit et Peter de CommePiedsNus.

Pour l'occasion, ils ont aménagé leur espace de façon élégante :
Un arbre a été érigé au centre du stand (voir 1°photo). Il s'agit en quelque sorte de l'Arbre de la vie du Minimalisme qui se tient fièrement et ses fruits (des Vibram FiveFingers) de par leurs habits chatoyants et colorés sont mis à disposition des promeneurs du salon afin qu'ils puissent les essayer et découvrir cette agréable sensation d'évoluer comme pieds nus.

De même, de belles pierres (et non pas de vulgaires cailloux) ont été disposées sur le sol, toujours afin de ressentir les différences de textures du sol. Un bien beau travail de décoration et de mise en avant des Vibram FiveFingers (VFF pour les intimes). 

  
De plus, une revue, Barefoot Runner (en français) était proposée gracieusement permettant ainsi de mieux connaître et de répondre aux différentes questions concernant le minimalisme voire le barefoot.
 


Running Expo : 01 La foule des grands jours


Cette année, afin de récupérer le dossard pour le Marathon de Paris, Alexis et moi-même, nous sommes allés à Running Expo (ex Marathon Expo). 
Et en sortant, devant la foule patientant afin d'entrer dans le hall, je me suis amusé à faire un panoramique afin de mieux vous montrer ces coureurs venus en masse retirer leur dossard.

Mais qu'avons nous vu à Running Expo ?

C'est ce que vous allez découvrir prochainement....

mardi 17 avril 2012

Ecotrail Paris 2012 : 16. L'arrivée


Nous arrivons enfin au terme de notre périple de 80km. 
Comme convenu, c'est ensemble que nous franchirons la ligne d'arrivée. 
Nous sommes vraiment contents de l'avoir fait, d'avoir tenu bon. 
Et nous savourons vraiment ce moment.

Ecotrail Paris 2012 : 15. Ascension de la Tour Eiffel





Nous sommes maintenant sous l'ombre bienveillante de la Tour Eiffel. Nous traversons, avant de passer sous la dame de fer.
Malgré l'heure tardive, nous sommes encouragés, que dis-je acclamés comme des rock stars en tournée !! Cela fait vraiment chaud au coeur !!
Nous passons devant le speaker qui nous encourage et direction le pilier (Nord, Sud, Est ou Ouest ??) pour l'ascension de l'escalier qui nous mènera au 1° étage !

Contrairement à mes craintes, l'escalier ne sera qu'une pure formalité, avec l'excitation et l'euphorie de l'arrivée proche, les jambes répondent vraiment bien.

Ecotrail Paris 2012 : 14. En route vers la Tour Eiffel

RunNotOnly et moi même, nous quittons le dernier ravitaillement afin de prendre la direction de ce qui sera notre ultime récompense.
Malgré les 63km déjà parcourus, nous ne ressentons pas vraiment de fatigue. L'adrénaline de la course nous fait ignorer certains signaux envoyés par notre corps. De plus, durant notre intervention de sauvetage, nous avons largement eu le temps de récupérer.
Nous repartons sur un bon rythme, contents et confiants car nous savons que le plus dur est désormais derrière nous. Plus que 17km, 17 tout petits kilomètres !!

Quelques minutes après, RunNotOnly demande à ralentir car ses pieds sont douloureux, nous marchons tranquillement dans un premier temps, avant de repartir en courant. Puis lorsque la gêne se fait trop forte pour lui, nous nous remettons à marcher.
Avec ces alternances de phases de course et de marche, mes jambes recommencent à se refroidir. Lors des phases de relance, je fais attention à ne pas trop forcer car mes muscles se durcissent doucement à cause du refroidissement.
J'incite RunNotOnly à relancer mais au bout de quelques minutes, nous sommes contraints de nous remettre à marcher. Afin de ne pas trop me refroidir et surtout afin de ne pas trop ralentir, je lui propose de faire de la marche active. Que des avantages : Moins de chocs sur ses pieds endoloris, un début  de réchauffement pour mes jambes, et moins de "perte" de temps, car le chrono défile malgré tout.
Mais un dilemme commence à naitre dans mon esprit, autant j'ai envie de poursuivre et de partager cette aventure avec RunNotOnly, autant je me rends de plus en plus compte que mes jambes ne se réchauffent pas en alternant ces phases de marche et de course.
Nous arrivons maintenant près du Pont de Sèvres, la partie nature est désormais terminée, nous sommes maintenant dans la portion urbaine. La partie que je n'avais vraiment pas apprécié l'année dernière sur le 50km. L'avantage est qu'il fait nuit et l'ambiance est tout autre. C'est beau une ville la nuit !! 

Intrigués, un couple en scooter, s'arrête devant nous afin de savoir ce que nous faisons. Après explications, ils nous encouragent avant de repartir. Vraiment sympa !

Plusieurs relances ont été effectuées mais aucune sensation de chaleur au niveau des jambes, les muscles semblent se durcir. Le dilemme se fait plus présent. Poursuivre ces alternances de rythme rapide et de marche au risque de voir mes jambes continuer à durcir et d'avoir par la suite des difficultés à courir, ou me mettre à courir mais laisser RunNotOnly seul ?
Je pèse le pour et le contre. Il n'est pas à la dérive comme le coureur que nous avons aidé donc moins de culpabilité. La décision est prise, il me faut y aller, il faut que je me réchauffe les jambes. Courir de nuit avec un cuissard court n'est pas une bonne option (surtout lorsque l'on marche).
Et le supporter se réveille et se met alors à donner de la voix. Le meneur d'allure passe en tête. L'idée est de jouer le tout pour le tout. Encourager et motiver le plus possible afin de nous lancer sur un rythme de croisière. Mais hélas, RunNotOnly ne pourra suivre le rythme et après d'autres encouragements, je suis contraints de le laisser et de poursuivre sur le même rythme.
Désormais seul, mes jambes moulinent doucement, j'essaie de ne pas forcer afin de leur permettre de monter en température. Les sensations sont excellentes. N'ayant plus personne à encourager, je me concentre sur la course. Et je me demande alors où en est Zebullon. Je ne me fais pas de souci car je sais qu'il gère.
Le fait de courir ainsi de nuit, me rend presque euphorique, je devine le cadre dans lequel j'évolue et pour l'avoir parcouru l'année dernière, je sais qu'il n'est guère plaisant mais j'apprécie cette ambiance. Je longe les quais de seine, certaines péniches sont calmes mais éclairées, sur d'autres des convives font la fête. Je poursuis au même rythme, je reprends quelques coureurs. Je leur lance des "Bientot la Tour Eiffel !!" en guise d'encouragements.
J'ai le sourire, je suis vraiment content d'être là ! C'est la première fois que je cours aussi longtemps et je sais bien que mon neurone de la Raison boude sans rien dire depuis déjà un certain temps, alors que les autres neurones profitent de cette euphorie et de cette sensation de vitesse, et je les imagine comme dans une voiture vitres baissées, la tête penchée vers l'extérieur afin de mieux ressentir le vent, l'exaltation de la vitesse !
Le rythme ne faiblit pas. Et avec l'euphorie, j'essaie de ne pas accélerer afin de gérer au mieux les quelques kilomètres restants.

Et au loin, au sein d'un groupe de coureurs, j'apercois une silhouette familière !! Zebullon !
Je suis ravi de le voir et surtout vraiment content de voir qu'il a bien avancé ! Il n'a rien laché !!
Et nous voilà repartis désormais ensemble.

Pas de ralentissement, le rythme demeure désormais constant.

La dame de fer est désormais en ligne de mire, toutes nos pensées sont désormais tournées vers elle.



Une nouvelle casquette se matérialise pour nous deux, nous sommes désormais copilotes sur le vol St Quentin-Paris. 
Une annonce se fait alors entendre dans nos esprits : "Mesdames et messieurs bonjour, ici votre équipage. Nous sommes désormais en phase d'approche !! Sur la droite de l'appareil, vous pouvez apercevoir la Tour Eiffel. Notre arrivée est prévue avant 1h du matin. Nous sommes en avance sur notre horaire".

lundi 16 avril 2012

Ecotrail Paris 2012 : 13. St Cloud vient à notre secours

Après une petite interruption, repartons si vous le voulez bien dans l'histoire de l'Ecotrail....


Nous arrivons au ravitaillement de St Cloud et cherchons la tente de la Protection Civile (je cherche du regard sans le vouloir, espérant ne pas y voir  Zebullon) . Nous leur expliquons alors qu'un coureur se trouve à 2km et qu'il n'est pas au mieux. Et à ce moment, l'un deux me demande s'il y a un point de repère près de l'emplacement du coureur (bien sûr, il y a un sentier avec la forêt à droite et la forêt à gauche, ben il se trouve sur celui-là !!). Puis les personnes de la Protection Civile nous dirigent vers 2 membres de la course en VTT, après explications, ils feront le parcours en sens inverse.

Viens enfin pour nous le moment de détente.

Nous saluons et plaisantons avec les bénévoles tout sourire malgré l'heure tardive. Je leur demande si elles n'ont pas vu passer un coureur avec une coupe en forme de Tour Eiffel. Cela fait 5mn qu'il est reparti.
Il gère. Et s'il est reparti, sans attendre l'heure limite, c'est que cela va mieux. 
Je suis content !! Je m'accorde alors une petite pause. Et je profite tranquillement du ravitaillement.

Malgré tout, la pause ne sera que de courte durée car il nous faut repartir. Même s'il nous est permis de partir bien après la barrière horaire, nous ne devons pas trop nous éterniser car nous sommes au 63°km, il nous reste donc 17km et ce à couvrir en moins de 2h. 

Allez, c'est reparti !

jeudi 12 avril 2012

Ecotrail Paris 2012 : 12. Navire en détresse


RunNotOnly et moi-même aurions pu vous refaire un remake d'Alerte a Malibu et nous aurions pu courir au ralenti habillé d'un maillot de bain rouge mais, vu l'heure tardive, et comme l'idée de me voir avec ce type de maillot de bain ne m'enchante guère, je préfère évoquer un sauvetage en haute mer sur une mer démontée (oui, une mer tumultueuse pour l'effet dramatique !). 
Les 2 hommes de quart inspectant la mer à la recherche du navire en détresse....
Mais revenons à la course...
Nous arrivons donc à hauteur d'un coureur prostré et RunNotOnly lui pose aussitôt des questions afin de connaître son état. Il nous explique alors que cela ne fait que 5mn (notion très relative...) qu'il s'est arrêté. RunNotOnly sent à juste titre qu'il ne va pas bien. Et nous voilà parti à l'accompagner...

Alors qu'un dictateur romain aurait pu se matérialiser, et nous demander de mettre fin aux souffrances du coureur en l'étouffant avec le tube de son camelbak ou de le noyer en lui déversant des dizaines de gels dans le nez, sa couverture de survie enfoncée au fond de la gorge. Alors que le dictateur commençait à se matérialiser, il s'en alla en haussant les épaules et en disant  à lui-même : "Pff, ils sont vraiment pas drôles...".

A ce moment, Zebullon occupé à gérer ses crampes décide de poursuivre sur son rythme en nous disant que nous le reprendrons par la suite. Sage décision !

L'équipage a désormais changé, tel un sauvetage en pleine mer, nous partons maintenant à 3. Nous alternons pas de course, marche et ...pauses techniques (version buccale, si vous voyez ce que je veux dire...). Il n'est pas au mieux et comme il est tout de même plus de 22h, qu'il fait donc nuit noire, que nous sommes en pleine forêt, il est hors de question de le laisser seul en si fâcheuse posture (le dictateur essaye à nouveau de se matérialiser en agitant son pouce pointant vers le sol. Mais en vain.).

Lors des périodes de marche, nous discutons un peu avec lui, puis nous le laissons un peu dans sa bulle. Nous courons quelque instants pour marcher par la suite.

En cuissard court, la nuit au milieu de la forêt, mes jambes commencent à me faire comprendre que la température dans laquelle elles évoluaient ne leur était pas des plus agréable (tout ça pour dire que je commençait à avoir froid aux jambes..). Mais elles devaient prendre leur mal en patience car nous étions en pleine intervention, en plein sauvetage.

Les minutes défilent, nous devons être au prochain ravitaillement avant 23h. 

A plusieurs reprises, il nous propose de le laisser là et qu'il continuerait tranquillement. (Ben voyons, nous avons nettement plus de chances de voir passer un écureuil albinos nous criant "Barrière horaire, barrière horaire" que lui de poursuivre la course seul !). Mais RunNotOnly est catégorique. Il n'en sera pas question !!

Et nous voilà reparti alternant nos "différentes allures", il arrive tout de même à avancer. Il puise en lui même. Nous le réconfortons (sauf durant les pauses "techniques" durant lesquelles nous restons bien en retrait), nous l'encourageons, nous discutons et il parvient à plusieurs reprises à relancer un peu à plusieurs reprises. 
Mais la machine est fatiguée. Et n'y pouvant alors plus, en s'asseyant au sol, il nous fera comprendre qu'il s'arrêtera là !!
Nous avons beau l'encourager à reprendre, nous devons nous rendre à l'évidence, il s'est assis (Nous sommes encore observateurs malgré l'heure tardive !!) et le fait de s'asseoir est vraiment le signe qu'il est allé au bout de lui même. 
Nous regardons notre montre, nous sommes environ à 2km du ravitaillement. Nous allons le laisser là, aller jusqu'au ravitaillement afin de prévenir les secours. Nous lui demandons son N° de dossard mais je l'aurais oublié dans les secondes suivant notre départ (Pour la prochaine fois, toujours avoir un papier et un crayon !).

Et nous voilà repartis, en courant. En mode sauvetage, nous allons chercher les secours ! Les gyrophares, pardon les frontales, percent l'obscurité qui nous entoure. Les muscles de mes jambes ont un peu de mal à reprendre un rythme de croisière. Et je me force à faire de petits pas afin de ne pas trop les solliciter.
Une fois, les muscles un peu chauds, nous avançons à un bon rythme (notion vraiment mais alors vraiment relative, car après plus de 10h de course, l'impression de vitesse est vraiment faussée ! Et de plus, le fait de courir de nuit, ne permet pas du tout d'avoir un repère fiable quand à l'impression de vitesse.).
Nous poursuivons toujours au même rythme. Nous sommes concentrés. Nous sommes en mission de sauvetage (Non pas la musique d'Alerte A Malibu !! Je ne veux pas courir au ralenti dans un maillot de bain rouge !!).
Peu de discussions durant ces instants, nous scrutons les balises réfléchissantes (il ne manquerait plus que l'on se perde !!).

Et, enfin, nous y sommes, nous arrivons au 3° et dernier ravitaillement 5mn avant la barrière horaire. Il est 22h55 !!

mercredi 11 avril 2012

Ecotrail Paris 2012 : 11. Meneur d'allure

Nous quittons donc le ravitaillement de Chaville au 55°km pour aller en direction du domaine de Saint Cloud situé au 63° km. 
Nous en sommes maintenant à plus de 8h30 de course et nous avons moins de 10km à parcourir  jusqu'au prochain ravitaillement (Petit rappel : toujours découper une course en petits tronçons afin que les distances à parcourir jusqu'au prochain tronçon soient plus faciles à appréhender moralement) !

Requinqués et confiants, nous sommes repartis. Nous avons fait le plus dur. Oui, nous positivons ! Même si nous ne l'évoquons pas, nous sentons bien que le moral a bien remonté.

Pas d'excès d'euphorie, car nous avons encore de la route, nous avançons sur un rythme "correct". Pas trop rapide, afin de laisser les crampes "endormies", mais tout de même suffisant car nous savons qu'il ne faut tout de même pas trop traîner. Et nous gambadons alors tranquillement.

Et, au détour d'un chemin, alors que nous doublions un groupe de coureurs, j'entends derrière nous quelqu'un nous interpellons en évoquant la Runnosphère. Nous nous arrêtons, et c'est avec un grand étonnement et avec un grand plaisir que nous saluons RunNotOnly que j'avais déjà rencontré lors des Pasta Party.
Je suis alors bien content et satisfait d'avoir disposé des badges Runnosphère sur mes affaires : un badge sur les lanières avant, un autre sur la poche arrière et un sur ma casquette. Merci les badges, grâce à vous, j'ai pu être plus visible et le fameux R a été reconnu.

Et nous voilà repartis, tous les trois. RunNotOnly et moi même discutons, du coin de l'oeil, je regarde Zebullon, qui lorsqu'il sent vernir la crampe m'en averti puis lorsqu'il se sent mieux, me dis que je peux alors relancer.

Nous courons ainsi tous les trois, jusqu'au moment où nous arrivons à la hauteur d'un concurrent assis, prostré, regardant le sol....

mardi 10 avril 2012

Ecotrail Paris 2012 : 10. Chaville 15mn d'arret

Nous sommes désormais au 2° ravitaillement de la course, à Chaville situé au 55°km. Nous allons pouvoir profiter d'un petit repos bien mérité.

Nous voyons une chaise inoccupée, je demande à un bénévole si je peux l'emprunter et je la passe à Zebullon, afin qu'il puisse s'asseoir. Il y sera bien mieux, qu'assis à même le sol. Et il lui sera d'autant plus facile de se lever par la suite.

Je me dirige avec le ravitaillement. Et après avoir remercié les bénévoles, je passe commande de 2 soupes aux vermicelles. Ce n'est certes pas un relais château, aucune étoile d'attribuée sur le Gault et Millau, mais je regarde cette soupe avec envie. J'apporte sa soupe à Zebullon et c'est ensemble que nous savourerons cette délicieuse soupe. Un vrai régal !
Une fois la soupe terminée, il décide d'aller dans la tente de la Protection Civile. Je profite alors de ce petit moment pour mettre mon haut manches longues.
Je le prends alors dans mon sac, et je me rends compte de mon erreur. En effet, lors de la préparation de mon sac, j'avais pris soin de tout emballer dans des sacs plastiques et, malheureusement, je n'avais pas fait de même pour mon haut (dans la série "Faites ce que je dis, pas ce que je fais" ! ). J'enfile alors mon haut un peu moite. La sensation n'est pas des plus agréable mais j'apprécie tout de même cette petite sensation de chaleur. Je prends ensuite le temps de remettre mon dossard sur mon haut.

Regardant ma montre, il ne nous reste que 5mn avant que la barrière ne se referme sur nous. Je vais le voir sous la tente. Il me montre son mollet qui bouge tout seul. Impressionnant ! Une petite musique de circonstance ? I like to move it, move it, me semble tout à fait adapté.

Les bénévoles nous informent qu'il est temps de partir. Et c'est après les avoir à nouveau remercié et souhaité une bonne soirée que nous nous élançons en direction de Saint Cloud.

lundi 9 avril 2012

Ecotrail Paris 2012 : 09. Jouons avec les barrieres horaires

Alors que nous sommes en train de nous restaurer au "point d'eau" de Meudon, situé au 45°km, et que nous reprenons des forces, je parcours ma checklist "virtuelle" (les abeilles ont une imagination débordante, et créent même en pensée des choses "réelles" pouvant leur rendre la vie meilleure. Et la liste se matérialise alors dans mon esprit..)

- Contenu du sac : Ok, peu de ravitaillement utilisé par rapport au stock présent. Et ma poche à eau contient 2,5l donc j'ai de la marge.

- Forme Physique : Globalement pas trop fatigué, un peu éprouvé mais aucun voyant au rouge, bonne nouvelle donc.

- Santé mentale : La dessus, aucun changement ! Bonne nouvelle pour certains, mauvaise nouvelle pour d'autres. Toujours positif et content d'être là ! Donc, tout va bien.

- Moral : Au beau fixe, le ciel est dégagé, seul un vautour tourne haut dans le ciel. Et à chaque fois qu'il ouvre son bec, il semble nous crier : "Barrière horaire, barrière horaire".

Le coach-meneur d'allure sent qu'il ne va pas falloir trop traîner. Il va falloir désormais s'improviser jongleur ou équilibriste. 
Jongler avec les "Stop-crampes" et les phases de relance afin que le temps perdu n'empiète pas trop sur le temps restant. 
Et équilibriste car les périodes de relance ne doivent pas être trop rapides afin laisser la crampe éloignée, et pouvoir se faire plaisir sur les portions courues.
Et, nous poursuivons malgré tout notre route, et comme dans un cirque, où un monsieur loyal présenterait notre numéro : "Mesdames et messieurs, sur la piste centrale, vous pouvez admirer Zebullon et Maya dans leur numéro de jongleur-équilibriste, ils travaillent sans filet, voyez comme ils avancent inlassablement, sans se poser de question, toujours en avant, "Petit pas, petit pas, petit pas"....

Peu avant le ravitaillement en eau à Meudon, un homme tranquillement installé sur une chaise nous avait encouragé et nous avait indiqué la distance nous séparant du point d'eau. Sachant que la notion de distance peut parfois être une notion "relative" suivant les personnes (peu avant l'arrivée au 1° ravitaillement, un bénévole indiquait 800m alors que nous étions à moins de 2km), je l'avait remercié de ses encouragements sans prêter attention à la distance.

Après un "bref" (notion également relative, un arrêt de quelques minutes nous semblent bien bref, alors que pour certains, visant un chrono, cela pourrait sembler une éternité) arrêt, nous étions repartis. En arrivant près de l'observatoire de Meudon, nous avions profité du panorama pour une petite séance photo (voir photos des 2 articles précédents, ici et ). En y regardant de plus près, nous avons tout de même le visage un peu marqué, alors que dans nos souvenirs, nous étions "relativement" bien.

Nous repartons ensuite tranquillement, les jambes répondent bien. Il est plus de 19h30. Alors que Zebullon, a déjà mis son coupe vent depuis quelques temps, je continue toujours en t-shirt manches courtes, la différence de température commence à se faire sentir, mais je préfère malgré tout attendre le prochain ravitaillement afin de me changer.
La partie Meudon - Chaville s'effectue sans trop de souci. 

Juste la désagréable impression que les minutes défilent beaucoup plus vite que les km ! Il nous faut arriver au prochain ravitaillement pour 20h30 et y repartir avant 20h45. 

J'ai de nouveau une petite pression sur les épaules, le meneur d'allure ne rigole plus, le coach reste concentré sur l'allure de Zebullon, le supporter ne cesse d'encourager le groupe, alors que la musique de cirque et que la voix de M. Loyal retentissent au loin. (Alors que le corps effectue son travail d'endurance, l'esprit de l'abeille ne reste pas pour autant dans l'inaction. Comme vous pouvez le constater.).

Sans parler de cette barrière horaire qui s'approche inexorablement, nous (le meneur d'allure, le coach, le supporter, M. Loyal..) nous encourageons. Il nous faut maintenant relancer. Zebullon jongle avec ses crampes (oui, maintenant elle a invité des copines et elles semblent bien s'amuser), je (nous) jongle avec ces minutes qui s'écoulent bien trop vite.

La musique de cirque se fait plus forte, alors que le meneur d'allure se met la pression afin de mener sa mission à son terme. Un bel exercice d'équilibriste !
Alors que la pénombre s'installe autour de nous, je suis littéralement happé par cette ambiance surréaliste. C'est une grande première pour nous, la première fois que nous courons "de nuit". 

Presque euphorique, je m'amuse à cet instant dans les sentiers, je parle, je commente, je fais partager mon plaisir à Zebullon. Un vrai exercice d'équilibriste car nous n'avons pas encore mis nos frontales, et j'ouvre la route en indiquant la meilleure route à suivre et la taille des éventuels cailloux sur lesquels nous devons passer. Nous y voyons encore à peu près bien, nous voyons d'autres coureurs au loin, parfois nous en doublons. Nous sommes "bien". 
L'exercice de jonglage semble être bien maîtrisé. Quasiment sans pauses, nous avançons en direction du prochain ravitaillement. Chaville, nous arrivons !!
D'équilibriste, nous devenons funambule, car la barrière horaire est très proche, et c'est sur un fil invisible que nous évoluons.

Je ne fais désormais quasiment plus mention de l'heure. Il est inutile de stresser l'équipe, le meneur d'allure se doit de gérer.
A l'approche d'une descente un peu prononcée, nous décidons de jouer la carte de la sécurité, mieux vaut perdre 30 secondes afin de sortir la frontale du sac, plus que de glisser sur une pierre et voir la course se terminer stupidement.

Frontale désormais au front, nous repartons. Le meneur d'allure n'est vraiment pas à la fête, le coach surveille en silence, le supporter continue ses encouragements. Le vautour initialement haut dans le ciel semble voler près de nous, ses petits cris "Barrière horaire, barrière horaire" semblent désormais bien plus proches.

Les jambes déroulent, l'allure reste quasi constante, les rayons des frontales virevoltent sur les sentiers.
Grâce (ou à cause) à la frontale, le meneur d'allure lorgne de plus en plus régulièrement le chrono. Le souffle du vautour est désormais très proche.
Le coach nous regarde passer, il est tendu, il reste debout, ne pouvant rester assis comme un simple spectateur.
Le supporter toujours positif, poursuit ses encouragements car tout est encore possible.
M. Loyal, a modifié son discours, il est maintenant plus grave : "Mesdames et Messieurs, nous allons assister à une 1° mondiale, un exercice de haute voltige,..." et un roulement de tambour se met alors à retentir.....

Alors que nous étions passé au 1° ravitaillement situé au 22°km à 14h35 soit avec 1 heure d'avance par rapport à la barrière horaire, notre "avance" avait désormais fondu comme neige au soleil. Il nous fallait maintenant rester vigilant.

Le décompte est désormais lancé !

10 mn avant la barrière horaire.
Nous serpentons dans les sentiers. Nous voyons peu de coureurs.

9 mn avant la barrière horaire.
Afin de ne pas rater les balises, j'alterne le faisceau de ma frontale, passant du mode "vision lointaine" afin de voir les rubans réfléchissants et mode "vision proche" afin de mieux voir le sol.

8 mn avant la barrière horaire.
Le doute s'installe. Et si....
Le meneur d'allure regarde furtivement sa montre, le coach commence à s'arracher les cheveux, M. Loyal toujours silencieux, laisse le roulement de tambour parler à sa place.

7 mn avant la barrière horaire.
Nous continuons d'avancer. Le supporter donne constamment de la voix ! Une façon pour moi, d'évacuer cette tension grandissante.

6 mn avant la barrière horaire.
Le meneur d'allure aimerait accélérer mais cette option n'est pas la bonne et nous poursuivons sur le même rythme.

5 mn avant la barrière horaire.
Nous entendons des personnes au loin. Nous accélérons. Le coach a retrouvé le sourire. Nous sourions également. Nous accélérons.

4 mn avant la barrière horaire.
Il est 20h26, nous arrivons au 2° ravitaillement à Chaville au 55°km !
Le meneur d'allure et le coach sont satisfait, le supporter exulte !! Nous sommes contents.

Nous pouvons maintenant profiter du ravitaillement.

dimanche 8 avril 2012

Ecotrail Paris 2012 : 08. Lexique du Coach

Je vous propose maintenant le lexique du coach utilisé durant la course.

L'abeille est toujours positive et aime jouer avec le vocabulaire.
Zebullon, l'apprendra à ses dépends. Après tout, ce n'est que de la sémantique.

Alors place maintenant aux explications :
 
-"Nous sommes larges" signifie que nous serons au ravitaillement avant la barrière horaire. la notion de "large" étant très relative.

- "C'est jouable", signifie juste mais possible. L'abeille étant d'un naturel très joueur, tout est jouable !

- "C'est plat", signifie "faux-plat", en effet, il s'agit simplement d'une portion plate légèrement inclinée.

-"Le ça monte un peu", n'est jamais une très bonne nouvelle. Dans ce cas, se préparer au pire, éventuellement préparer les piolets  ! 

Ecotrail Paris 2012 : 07. En mode Coach / Meneur d'allure

Après quelques jours d'interruption, nous allons reprendre le récit de l'Ecotrail, vous êtes bien installé ? Alors, en route...

Alors que la course se déroulait sans anicroches, comme sous un ciel bleu bien ensoleillé, un gros, méchant, vilain nuage sombre vint au-dessus de nous et comme dans un dessin animé, il décida de nous suivre et de troubler notre course. Ce vilain nuage nous envoya un terrible sort, et comme pour nous rendre la tache plus ardue, la méchante sorcière nommée Crampes, jeta son dévolu sur Zebullon !!

Avec son expérience d'ancien sprinteur, il savait reconnaître les signes avant coureur (c'est le cas de la dire) de l'arrivée imminente de la crampe et avant que celle-ci ne s'installe complètement, il stoppait net son effort.
Après une petite pause "étirements / hydratation", nous sommes repartis tranquillement. Une célèbre comptine aurait pu nous accompagner à ce moment de la course : "Promenons-nous dans les bois, pendant que la crampe n'y pas....".
Mais, hélas, la crampe, vilaine et insidieuse revint à nouveau. Elle avait semble-t-il trouvé un hote fort accueillant.
Sans même prendre le temps de la réflexion, nous primes la décison de boire plus régulièrement et étant le seul à posseder une montre, je lancais des tops, toutes les 15mn.

A ce moment là, notre course prit alors une toute nouvelle tournure. A cause de cette crampe qui ne souhaitait pas du tout se détourner de Zebullon, notre embarcation prenait un peu l'eau et de ce fait, nous ralentissait quelque peu.

Une nouvelle casquette se matérialisa sur mon crane, et c'est tour à tour que j'endossa les roles de Coach-HorlogeParlante-SupportMoral-Meneurd'Allure...
Je savais que désormais, il faudrait jongler avec les arrêts-crampes et les relances.
Un peu inquiet car les crampes étaient survenues alors que nous n'étions pas encores arrivés à mi-course, je savais que la suite ne serait pas une partie de plaisir.
Pestant par moment, contre cette crampe qui ne voulait vraiment pas partir, et surtout contre ces enchainements de montée, de cotes, de faux-plat. Je tachais de calmer le petit énervement naissant de ZEBULLON en le précédant dans les montées afin de lui signaler la suite, car l'année dernière le fait de ne pas savoir ce qui m'attendait ensuite, avait soumis mon moral à rude épreuve.

De façon étonnante, le fait de faire le coach/meneur d'allure me permettait de penser à autre chose qu'à la course. Nous avions choisi de faire la course ensemble et nous avions dit que nous arriverions ensemble à la Tour Eiffel. Donc, toutes mes pensées, mes gestes étaient tournés vers lui.
Je lui répètais les petits conseils lus sur les blogs et revues diverses. Et, dans les montées, je lui indiquais (même si au fond de moi, je savais qu'il se rappelait de nos discussions durant nos entraînements) qu'il fallait faire de petits pas et que dans les cas où la pente était trop raide, il pouvait appuyer avec ses mains sur ses cuisses. Et, à un moment, sans trop savoir pourquoi, je lui lancais un : "Petit pas, petit pas, petit pas".

Ces mots ainsi répétés, devinrent par la suite notre leitmotiv, à chaque moment de relance, je lancais un "Petit pas, petit pas, petit pas", comme pour dire voilà on oublie la crampe, on se fait plaisir en courant.
Plusieurs kilomètres furent ainsi ponctués de "Top hydratation" toutes les 15mn, "Stop-crampes" au gré des humeurs de cette vilaine sorcière, et de "Petit pas, petit pas, petit pas" lors de nos relances.
Je restais, malgré tout, bluffé par la volonté de Zebullon, car arriver ainsi à jongler avec une crampe et poursuivre la course devait lui demander de gros efforts de concentration et de volonté.

Malgré les "Stop-crampes" intempestifs, nous arrivions malgré tout à faire avec. Nous avancions, et c'était là le principal. Par moment, il me demandait pour la prochaine barrière et souvent, je répondais que nous étions large, puis, que nous avions le temps. Ce qui était vrai ! Même si notre petite avance, commencait à fondre. Mais pour positiver, je lui dit que les organisateurs avaient prévus large car la 1° partie étant roulante, ils avaient accordés plus de temps pour la suite. Ce qui est également vrai.
Même si l'on édulcore la vérité, il est important de dire la vérité afin de conserver cette relation de confiance. (Elle fonctionne vraiment bien cette casquette de coach !!).

Notre programme est le suivant :
- Durant les descentes, je l'attends soit en bas, soit à hauteur des éventuels palliers, car avec mon mode "freestyle", il est difficile pour moi de m'arrêter sans dépenser trop d'énergie.
- Durant les montées, je lance un "petit pas, petit pas, petit pas" et nous gravissons la "cote-montée" chacun à notre rythme, en l'attendant soit à la moitié s'il s'agit d'une longue portion, et en haut de la montée, dans tous les cas, afin de l'informer de la suite du parcours.
- Et sur les parties roulantes, après le "petit pas, petit pas, petit pas", je le précède et je m'arrange afin qu'il soit constamment dans ma "roue", surtout ne pas le distancer, toujours le laisser au contact afin de bien relancer, afin de lui permettre de rester concentré sur la personne qui précède, et d'oublier quelques temps la fatigue qui s'installe.

Je parle, je plaisante, je l'encourage. Et à plusieurs reprises, pour enlever les petits doutes qui ont vite fait de s'installer, je lui signale que je ne suis pas non plus au mieux et que les enchainements m'affectent également. A ce moment, c'est le coureur qui parle. Mais, le coach reprend rapidement la parole afin de continuer à motiver les troupes, car en motivant l'un, ce sont les deux coureurs qui se motivent (je ne sais pas si vous avez suivi, mais il est vrai que l'esprit des abeilles à ceci de particulier, que non seulement, il est constitué de personnalités multiples mais qu'en plus certaines d'entre elles, peuvent prendre le pas sur les autres afin de les encourager et de les pousser à se dépasser. Vous savez à quel point l'esprit humain peut être compliqué mais au vu de la complexité de celui des abeilles, vous savez désormais pourquoi, les psy n'existent pas chez elles.).

Mais, après une montée, alors que nous amorcions la phase de relance, en me retournant, je vis alors Zebullon faire un écart à gauche, puis 2 écarts à droite. En mettant une main sur mon épaule, je compris !! L'heure de la pause salvatrice était venue. Et c'est, assis sur une souche qu'il récupéra quelques minutes. Durant cet arrêt inopiné, nous en profitames pour nous restaurer, et alors que j'avais alterné, gels sucrés antioxydants, gels salés, gels sucrés, nous nous sommes régalés avec des petits batons de saucisson ! Un vrai régal.

A ce moment, la voix du coach résonna dans mon esprit : "Tout dépend de toi désormais" !! L'espace de quelques instants, j'eus une petite pression supplémentaire sur mes épaules. Je n'ai pas le droit d'avoir une défaillance ! Il faut que je nous emmène jusqu'à la Tour Eiffel !

Petit coup d'oeil à ma montre, la barrière horaire est à 20h30, c'est jouable ! Nous en profitons même pour nous offrir une petite séance photo près de l'observatoire de Meudon.